Présentation et Perspectives

I – Présentation

Fruits et légumes : une filière qui couvre près de 70% des besoins en frais de l’île mais qui exporte insuffisamment ses produits emblématiques

La filière fruits et légumes a connu une période de forte croissance du fait de l’augmentation de la demande locale (plus de 10 000 habitants supplémentaires par an) et, contrairement aux filières animales, d’une situation de concurrence plutôt favorable par rapport aux produits importés, difficiles et coûteux à transporter.

En 2013, les surfaces cultivées en fruits et légumes couvraient environ 5 500 ha. Ces cultures se situent sur toute l’île mais avec une prédominance dans le sud. Le chiffre d’affaires de cette production représente 140 M€, soit la première source de revenu agricole.

La production totale de fruits et légumes à la Réunion est estimée à 95 000 tonnes (Fruits 41 000 t, Légumes : 54 000 t). La quasi-totalité des fruits et légumes courants peut être produite à La Réunion grâce à l’ensoleillement, à l’altitude globalement et aux différents gradients agropédoclimatiques. La mise en place de systèmes de culture sous abri permet aussi de s’affranchir en partie des contraintes climatiques.

La plupart des exploitations de maraîchage sont de petite taille. Seule 21% de la production est commercialisée via des organisations de producteurs. Par ailleurs, 20% de la production transite par le marché de gros de St Pierre où s’approvisionnent nombre de revendeurs et de professionnels de la restauration. Le reste de la production est vendue par l’intermédiaire des « bazardiers », les grossistes locaux. Les fruits et légumes sont vendus en majorité et dans les GMS (45%)qui occupent cependant une place plus faible que dans l’hexagone, sur les marchés forains (34%) et en magasins primeurs spécialisés (18%)

Une partie des fruits et légumes consommés à la Réunion est importée sous forme de produits frais, conserves, surgelés et produits secs, soit 41 770 tonnes.

La Réunion n’exporte qu’environ 2 000 tonnes de fruits tropicaux vers l’Union Européenne, soit 1 500 tonnes d’ananas et 500 tonnes se répartissant entre mangues, letchis et fruits de la passion.

Enfin l’horticulture est une filière quasi non organisée. Elle couvre 70% des besoins de l’île et n’exporte pas. Elle représente 220 professionnels sur 120 ha de surface agricole.

Une filière qui se structure résolument, pas à pas

Le secteur des fruits et légumes est moins organisé que les autres filières pour des raisons historiques. Toutefois, un effort patient et continu de structuration de la filière porte peu à peu ses fruits : 9 organisations de producteurs (OP) sont aujourd’hui reconnues, et une association qui les fédère, l’AROPFL (Association Réunionnaise des OP de fruits et légumes), est née en 2009. En 2014, ces OP regroupaient 474 adhérents pour une production de 18 500 tonnes.

Il s’agit des groupements SCA VIVEA, SICA TR, ANAFRUIT, SCA Terre Bourbon, SCA Fruits de la Réunion, COOP Ananas Réunion, APRFLDT, SCA Vergers de l’ouest, SCA Myresi. Tous ces groupements ont pour objectifs la défense des producteurs, l’amélioration de la qualité des produits, la protection de l’environnement et le développement de la filière organisée, objectifs qui sont repris comme objet de l’association de ces OP.

Il convient de souligner la création de l’interprofession ARIFEL (association réunionnaise interprofessionnelle fruits et légumes) en 2012.

L’ARMEFLHOR, centre technique spécialisé, est un outil remarquable au service de cette filière, qui dispose depuis 2008 d’une nouvelle station d’expérimentation ; il est appelé à évoluer vers le statut d’institut technique.

II – Les ENJEUX

Les importations de légumes ont fortement progressé depuis 2000 (+25%), pour atteindre 18 500 tonnes.
Dans le domaine des produits faciles à stocker (oignon, ail, carotte, pomme de terre), la faiblesse de l’organisation et les coûts de production ont favorisé le développement des importations en provenance de pays à faible coût de main d’œuvre (Chine, Inde, Madagascar), alors qu’il s’agit de productions historiquement bien implantées.

Les importations de fruits dont la production n’est pas possible (zone continentale) ou onéreuse à La Réunion, telles que les pommes, poires et agrumes (le plus souvent d’origine sud-africaine ou européenne), atteignent 14 000 tonnes.

Parmi les enjeux principaux de la filière figurent ceux de conquérir le marché de la restauration collective et celui de développer des unités de transformation industrielle (jus, quatrième gamme). Un haut conseil de la commande publique a ainsi été installé en 2013 pour organiser ce développement des produits locaux en restauration collective.

Le développement d’une production raisonnée ayant recours le plus possible à des techniques de lutte biologique est également une priorité compte tenu de l’importance des traitements pesticides dans cette filière. Enfin, s’agissant de l’export, son développement passe obligatoirement par le regroupement des acteurs, qui ne sont pas à l’échelle des marchés visés (Rungis par exemple).

III – Les Perspectives

L’AROPFL se donne comme objectif de développer la production de ses adhérents de +10 000 t d’ici 2020 et représenter à ce moment-là près de 30 % de la production totale de l’île.

Pour cela , 8 produits prioritaires sont ciblés à la fois afin de développer leur production, et contribuer ainsi à l’import substitution, mais aussi à gagner des parts de marché à l’export.
 Légumes : tomate, carotte, oignon, pomme de terre
 Fruits : mangues, agrumes, ananas, letchis

Le niveau des exportations de fruits a bien progressé, passant de 1 343 tonnes en 2001 à 2 400 tonnes en 2014, mais plafonne désormais. La professionnalisation rapide de la filière explique cette progression : présence du groupe BOYER (1er exportateur d’ananas Victoria), succès de l’entreprise COLIPAYS, développement des organisations des producteurs spécialisées (4 OP pré-reconnues spécialisées en fruits tropicaux), et amélioration croissante de la qualité des produits. Afin de développer cette filière export, les producteurs se sont regroupés au sein du syndicat Qualité Fruit Réunion qui porte désormais le signe officiel de qualité label rouge pour l’ananas Victoria et le letchi. Toutefois le développement des exportations de fruits est fortement handicapé par la concurrence des fruits tropicaux des pays de la zone (Afrique du Sud, Maurice, Madagascar) et par le coût du fret.

Le développement de la transformation, bien qu’en progression, a une marge de progression très importante. En 2014 , ce sont seulement 2 000 t qui sont transformées.

Le renforcement du taux de pénétration des produits locaux dans la restauration collective est également un des axe fort porté par la stratégie de la filière.


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