Présentation filière canne

Présentation générale : production, superficies, marchés, cadre structurel...

La superficie consacrée à la canne (22 664 ha) correspond à environ 52,94 % de la superficie agricole utilisée de La Réunion. Près de 3 400 exploitations consacrent tout ou partie de leurs activités à la culture de la canne à sucre. Ces exploitations emploient quelques 10 500 personnes dont 6 700 de manière permanente et 3 800 à titre saisonnier.

Les rendements (70 à 140T/ha) restent très hétérogènes sur l’île selon la zone et la campagne, en raison, notamment, de la forte diversité agronomique, climatique et technique des zones de production.

La filière canne-sucre-rhum joue un rôle prépondérant dans l’activité économique de La Réunion. Elle constitue notamment la principale source d’emplois de l’agriculture réunionnaise. Elle reste une culture d’exportation, une production pivot incontournable pour la solidité financière des exploitations agricoles et pour l’appui à leur diversification ; en outre, elle offre un potentiel important de surfaces pour valoriser des effluents d’élevage et urbains.

La production, stabilisée depuis la campagne 1995 grâce, notamment, à la politique de mise en valeur de nouvelles terres, reste fortement dépendante des aléas du climat et de l’évolution des surfaces effectivement exploitées ; par ailleurs, elle très contrastée entre les zones au vent (est & nord) et sous le vent (ouest & sud).

Ainsi, le processus de recul des terres exploitées en canne, stabilisé depuis 1995, semble reprendre de l’ampleur depuis 2008 (perte de surfaces déclarées de 2 000 ha sur 20011-2015), traduisant les effets combinés des transferts au profit de la diversification (prairies), de l’urbanisation sans frein et du développement des investissements en infrastructures et aménagements.

La sole cannière représente, en 2015, une surface totale estimée à 22 664ha pour environ 2 946 planteurs.

Après une campagne 2007 catastrophique tant en tonnage qu’en richesse par les effets combinés du cyclone "Gamède" (février 2007) et de l’éruption volcanique (avril 2007) et une campagne 2008 médiocre à 1,771 millions de tonnes de canne, la production cannière de La Réunion retrouve depuis 2009 un bon niveau de performance : 1,908 millions de tonnes de canne en 2009, 1, 877 en 2010 et 1,887 en 2011.
Malgrès les conditions de sécheresse de fin 2010- début 2011 qui ont impactées la repousse des parcelles de canne, le résultat de la campagne 2011, certes inférieure au record de 2004 (1,969 millions de tonnes de canne), reste supérieur à la moyenne décennale (1,827 millions de tonnes de canne), mais s’accompagne d’une richesse médiocre (13,54), inférieure à la moyenne décennale (13,88).

En outre, on peut toujours déplorer des pertes de surfaces agricoles à un fort potentiel agronomique, ce qui constituent encore des sources de fragilité structurelle de la filière canne.

La filière canne réunionnaise s’appuie sur deux usines régulièrement modernisées depuis 1996 - BOIS-ROUGE au nord-est et le GOL au sud-ouest – d’une capacité unitaire d’un million de tonnes de cannes traitées. Ces deux outils industriels sont la propriété du groupe TEREOS Océan Indien depuis 2001 pour la Sucrerie de Bois-Rouge et 2010 pour la Sucrerie du Gol.

La filière exploite aussi un terminal sucrier (Eurocanne) et trois distilleries industrielles (Savanna, Rivière du Mat, et Isauthier).

La valorisation énergétique du co-produit « bagasse » est effective avec la production des deux centrales thermiques (CTBR et CTG) qui la consomment pendant la campagne sucrière, tant pour alimenter les usines en vapeur et électricité que pour participer à la couverture des besoins en électricité de l’île (environ 10 %).

La filière canne – sucre - rhum en quelques chiffres …
Production 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Canne (tonnes) 1 798 126 1 887 244 1 835 786 1 717 660 1 763 656 1 896 656
Sucre (tonnes) 209 651 220 470 202 343 206 580 167 124 201 181
Alcool (HAP) : Hectolitre d’Alcool Pur 112 526 86 395 78 864 89 689 110 484 80 000
dont rhum agricole 709 367 361 545 413
Bagasse (tonnes) 557 841 563 540 516 220 543 833 482 509 513 000
Cadre institutionnel

La réforme de l’organisation commune du marché du sucre (OCM sucre) sécurise la filière canne dans les départements d’outre-mer. La spécificité des Régions Ultra-Périphériques (RUP) est reconnue et l’Union européenne propose un ensemble de mesures adaptées aux particularismes des régions d’Outre-Mer.

Dans ce cadre, les producteurs sucriers des DOM bénéficient notamment d’une compensation de la perte de revenus avec la mise en place d’un système d’aide directe aux planteurs lesquels bénéficieront d’une enveloppe allant de 41,9 M € en 2007 à 59,2 M € à compter de 2010, et un quota théorique de production estimé à 480 000 tonnes. Il a été également accordé la possibilité à l’Etat membre de compléter ces mesures par une aide nationale dans la limite d’un crédit de 90 millions d’euros par an.

Pour ce qui concerne La Réunion, la compensation de la perte de revenus se traduit par une aide directe évoluant de 31,5 M€ en 2007 à 44,2 M€ à compter de 2010 jusqu’en 2015. L’aide nationale complémentaire programmée passe, quant à elle, de 34,7 M € en 2007 à 60,1 M € à compter de 2010. Son quota garanti de 338 327 tonnes de sucre assure à La Réunion une large marge potentielle de progrès au-delà du niveau actuel de production (± 210 kT).

Nouvelle valorisation de la bagasse-énergie

L’article 53 de la LODEOM stipule que, dans les DOM, le tarif de rachat de l’électricité aux installations électriques existantes ou nouvelles qui produisent de l’électricité à partir de la biomasse, dont celle issue de la canne à sucre, ne peut être « inférieur au prix de vente moyen de l’électricité issu du dernier appel d’offre biomasse national. Ce prix tient compte des coûts évités par rapport à l’utilisation d’énergies fossiles » ; Cette valorisation nouvelle de l’énergie issue de la biomasse canne est précisée par le décret n°2009-1342 du 29-10-2009 (relatif aux conditions d’achat de l’électricité produite à partir de la biomasse issue de la canne), l’arrêté du 2 novembre 2009 (fixant les caractéristiques techniques des installations de production d’électricité par biomasse issue de la canne), et l’arrêté du 20 novembre 2009 (fixant les conditions d’achat de l’électricité produite à partir de la biomasse issue de la canne).

L’arrêté du 20 novembre expose les modalités d’actualisation de la prime annuelle variable, qui s’ajoute aux tarifs actuels du contrat initial d’achat d’électricité produite à partir de la biomasse issue de la canne à sucre. Cette prime est fixée à 13 € par tonne de canne et s’actualise chaque année par un coefficient « M » calculé en fonction du taux de fibre moyen de la canne, de la moyenne annuelle des prix du charbon et de la moyenne arithmétique annuelle des prix des quotas de CO2. Ce coefficient est fixé à 1 pour les campagnes 2009, 2010, 2011, donc la prime complémentaire bagasse-énergie, dans les DOM et Mayotte, est de 13 € par tonne de canne pour ces trois campagnes.

L’accord interprofessionnel du 21 décembre 2009 stipule la répartition de la recette bagasse-énergie (RbE) de la manière suivante :

Organisation et acteurs de la filière

Les principaux intervenants de la filière sont :

  • Le comité paritaire interprofessionnel de la canne et du sucre (CPCS), interprofession de la canne et du sucre composé de planteurs et d’industriels créée en juillet 2007 ;
  • L’institut de la canne « eRcane » (anciennement CERF) qui exerce quatre métiers essentiels pour la filière canne-sucre réunionnaise :
    • la création-sélection variétale pour produire des variétés de canne à haut potentiel de rendement, de richesse et de production de biomasse, et spécifiquement adaptées aux conditions agro-pédo-climatiques des principales zones de production de l’île,
    • la réalisation de projets en automatisme et électronique industrielle, appuyés par la formation du personnel et l’expertise des problèmes de process, en vue d’améliorer la productivité technique des deux sucreries,
    • la contribution, en partenariat avec le CIRAD et les organismes d’appui au développement, à l’élaboration de référentiels techniques, de méthodes culturales, d’itinéraires techniques innovants, ainsi qu’à leur diffusion dans le milieu agricole cannier,
    • le développement d’une expertise en recherche technologique (procédés, innovations, …) pour optimiser la chimie sucrière (amélioration du process) et faire émerger les valorisations futures de la canne en chimie verte (partenariat avec Qualitropic-Réunion et labos européens),

eRcane affirme et étend aussi sa renommée internationale, par l’appui-conseil technologique aux sucreries (en Afrique, Antilles et Maurice), par la création variétale partenariale (7 stations en Afrique de l’Ouest), par la fourniture de variétés aux autres pays producteurs de canne (zone Afrique, Océan indien, Antilles).

  • Le centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre (CTICS), chargé notamment d’effectuer des mesures de la teneur en sucre des cannes en vue du paiement par les usines ; ce centre assure aussi la diffusion d’informations techniques auprès des planteurs et la vulgarisation de pratiques culturales visant une meilleure productivité et l’optimisation des intrants.
  • Le Syndicat des Fabricants de Sucre de La Réunion – SFSR – participe au sein du CPCS à la mise en œuvre des actions de développement de la filière (politique foncière notamment), assure la coordination des actions industrielles (investissements) et harmonise la communication et le lobbying des groupes industriels à destination des instances politiques nationales et européennes.
  • La chambre d’agriculture participe, via ses techniciens de terrain, aux efforts d’amélioration des revenus des agriculteurs
Diagnostic et enjeux

La filière « canne-sucre-rhum » possède des atouts majeurs au sein de l’économie en termes de complémentarité entre les productions agricoles, de contribution paysagère aux attentes du tourisme, de participation à la couverture des besoins énergétiques et de préservation de l’environnement (recyclage des effluents urbains, industriels et agricoles).

Cette filière s’impose comme pilier du développement durable à La réunion, par ses caractéristiques de productions et par la pluralité de ses valorisations actuelles et potentielles :

  • protection des sols contre l’érosion ;
  • préservation de l’environnement (peu consommatrice en d’intrants)
  • approvisionnement de l’île en énergie renouvelable (bagasse)
  • ouverture vers d’autres valorisations de la plante : bioénergies, chimie verte,
Atouts Contraintes
Principale source d’emplois Dépendance du contexte mondial
Culture d’exportation avec quota garanti Concentration des usines
Pivot principal de la plupart des exploitations Pression foncière liée à l’urbanisation
Prix stables à la production Topographie difficile et parcellaire modeste
Aides aux investissements Technicité et productivité inégales
Forte valeur ajoutée Insuffisance de la ressource en eau
Objectifs de développement
  • Protéger la sole cannière dans un souci de maintenir l’équilibre spatial actuel entre les productions agricoles et les besoins urbains et infrastructurels
  • Améliorer la productivité des exploitations (irrigation, coupe et chargement mécanique, replantation, accroissement des rendements)
  • Soutenir la rentabilité des petites et l’essor des moyennes exploitations actuelles qui contribuent à produire près de la moitié de la production cannière.

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