Les filières animales à la Réunion
Les filières élevages à la Réunion
Un développement spectaculaire au profit du marché local
L’élevage a connu depuis 1975 un essor sans précédent. Il représente aujourd’hui près du tiers de la valeur ajoutée de l’agriculture réunionnaise. L’objectif général est d’assurer une part croissante de l’approvisionnement local par des produits réunionnais, en s’attaquant en priorité aux marchés haut de gamme à forte valeur ajoutée, et en démarquant les produits « pays ».
Filière | Nombre d’élevages (secteur organisé) | Organisation de producteurs | Production 2015 | Taux de couverture du marché |
Porcine | 160 | CPPR | 9.436 tonnes | 49 % |
Avicole | 116/38 | Avi-pôle/FERMIERS du Sud | 19.080 tonnes | 48 % |
Laitière | 80 | SICALAIT | 20.000.000 L | 12 % |
Viande bovine | 325 | SICAREVIA | 1.808 tonnes | 32 % |
Cunicole | 25 | CPLR | 223 tonnes | 40 % |
Viande caprine et ovine | 44 | OVICAP | 30 tonnes | 21 % |
Apicole | 77/400 | ADA/ADA et COOPEMIEL | 200 tonnes | 50 % |
Aujourd’hui, le marché est approvisionné à 100 % en produits locaux pour les œufs et la viande fraîche de porc, la part des produits avicoles locaux atteint la moitié, et les productions bovines sont en augmentation.
Tout ceci a été possible grâce à une volonté d’organisation professionnelle et interprofessionnelle très forte. L’appui des importateurs qui ont accepté d’apporter une contribution financière à l’interprofession par le biais de prélèvement sur les importations a été significatif. Il en est de même de la grande distribution qui convient solidairement de mettre en avant les produits réunionnais. Enfin, les pouvoirs publics ont aussi joué un rôle majeur en mobilisant des moyens financiers puissants. Cette organisation est exemplaire dans l’outre-mer français.
Organisation et acteurs de la filière
Les filières d’élevage ont mis en place une organisation économique remarquable, qui unit producteurs, importateurs et distributeurs. C’est cette organisation qui est à l’origine de leur développement exceptionnel et des progrès qualitatifs extrêmement rapides.
Elle a aussi permis, avec le soutien financier des pouvoirs publics, de construire les outils techniques modernes et performants de production, d’abattage, de transformation et de traitement des déchets de l’ensemble des filières.
Seules la production d’œufs et la production de viandes ovine et caprine ne sont pas intégrées aux deux interprofessions existantes (l’ARIBEV et l’ARIV).
Diagnostic et enjeux
L’enjeu principal est de fournir des produits de qualité à des prix abordables dans un souci d’améliorer le taux d’autosuffisance de l’île et de développement économique partagé.
Les textes relatifs aux produits « pays » et le financement des programmes interprofessionnels dans le cadre du POSEIDOM devraient permettre de consolider les acquis, et à partir d’une stratégie de reconquête du marché local, de poursuivre le développement des filières.
Certains segments du marché (tels que les viandes congelées ou destinées à la transformation) ainsi que le créneau des collectivités, restent difficilement accessibles à la production locale et ce, notamment au vu du coût de la matière importée.
L’un des freins au développement est lié au problème du foncier (pour les surfaces fourragères et les surfaces d’épandage). Il ne pourra trouver de solution qu’en préservant, sur le long terme, les terres agricoles. L’enjeu de l’intégration de l’élevage dans son environnement devient également de plus en plus important.
Objectifs de développement
- Une filière porcine : qui s’adapte continuellement aux crises de surproduction ou de sous production dont elle fait régulièrement l’objet et ce, grâce à une discipline de régulation de la production que s’est imposée la Coopérative des Producteurs de Porcs de la Réunion ( CPPR) qui fournit 75 % de la production locale.
Afin de poursuivre son développement la filière a complété les mécanismes de régulation du marché habituels (retrait et transformation) par la mise en place d’un second marché à base de viandes congelées à bas prix pour répondre à la demande des GMS « discount » et concurrencer ainsi directement les importations dans ce domaine.
Par ailleurs, la CPPR mise à terme sur une politique de qualité et de segmentation du marché vers la restauration collective et le développement de produits de plus en plus élaborés. - Une filière avicole : qui a su s’adapter au marché par une segmentation appropriée fortement conseillée par les pouvoirs publics et par l’interprofession. La filière a connu une profonde restructuration ces dernières années.
- Une filière laitière : qui est structurellement fragilisée par le manque de foncier et qui traverse une crise de croissance et de confiance. Après avoir connu un fort développement, la filière laitière, portée par la SICALAIT et l’interprofession ARIBEV connaît depuis trois ans un essoufflement de sa croissance. Malgré de bonnes performances techniques ( plus de 6.000 litres par vache ) et une possibilité de marché local sans contraintes, une véritable crise de confiance touche actuellement, les éleveurs locaux car la filière apparaît fragile :
- La faible disponibilité du foncier ne favorise pas le développement des structures en place et l’installation de nouveaux producteurs ;
- La structure des exploitations conduit à des choix d’exploitations intensives beaucoup plus fragiles sur le plan économique et sanitaire et qui commencent à poser des problèmes d’environnement ( ICPE, plan d’épandage…) ;
- Les coûts d’investissements sont élevés et génèrent des charges de structure importantes ;
- Des importations d’animaux de renouvellement ont également favorisé le développement de maladies infectieuses qui ont mis à mal les élevages les plus fragiles.
Suite à une mission de l’inspection générale diligentée par le Ministre de l’Agriculture au cours du premier trimestre 2008, le Préfet de La Réunion a mis en place un comité stratégique d’orientation sur le développement et l’avenir de la filière lait. Sept groupes de travail ont également été constitués dont un groupe chargé d’examiner la situation des éleveurs laitiers en difficulté.
- Une filière viande bovine : dynamique mais également limitée par le manque de foncier. Malgré une croissance régulière, la production locale voit sa part de marché stagner. Elle ne bénéficie pas vraiment de la reprise de la consommation de viande bovine, du fait notamment de l’acharnement médiatique sur la viande locale suite à la crise de la filière laitière. La filière a pour priorité de maintenir son taux de couverture du marché afin d’éviter d’être marginalisée. Là encore, le développement est contraint par la faible disponibilité du foncier.
Afin de limiter l’importation de reproducteurs, la filière veut mettre en place un schéma génétique départemental , et s’est lancée dans un ambitieux programme de production de reproducteurs de qualité à partir d’une ferme coopérative ( 300 bovins ).
Le développement passe là aussi par l’utilisation de nouvelles ressources fourragères, et par l’amélioration de la productivité. - Une filière cunicole : La filière cunicole s’est engagée dans un ambitieux programme de développement en intégrant l’interprofession. La filière a su se redynamiser en 2011 avec une production de 259 tonnes.
- Une filière Ovin & Caprin : Aujourd’hui, la production ovine est marginale à la Réunion. On estime à 1 700 le nombre de brebis total en production sur le département. En ce qui concerne la production caprine, on estime à 18 000 caprins dont plus de 9 000 chèvres mères. Cette production se trouve confrontée à de nombreuses difficultés techniques et commerciales.
L’organisation de la production, autour de structures coopératives (Avipôle et SCA Fermiers du Sud) et d’une interprofession, a permis au fil des années d’assurer un développement des volumes produits, en garantissant toujours le meilleurs prix aux consommateurs par une amélioration continue de la compétitivité dans les outils.